Les niouzeletteurs n'ont pas pris fin non plus

Où l'auteur de la niouzeletteur parle de deux belles expositions en ce moment à Paris, celle Placid et celle de Wolinski, et indique quelques interventions médiatiques récentes mais pour, in fine, se plaindre quand même qu'il travaille trop, non mais quel emmerdeur.


Les niouzeletteurs reprennent, parce que les activités reprennent. L’Empire n’a jamais pris fin n’a pas pris fin, on a compris, mais les choses à voir et à faire toutes les semaines non plus. Et si vous êtes à Paris, vous avez deux belles expositions à aller visiter. Celle de Placid dans le cinquième et celle de Wolinski dans le huitième. Ça se fait pas à pieds. Faut prendre le métro.

Placid, tout d’abord.

L’exposition s’appelle Observation. C’est à la librairie Actualités, 15 rue Gay-Lussac 75005 Paris, ouvert sur rendez-vous, jusqu’au 16 novembre. La librairie s’appelle ainsi en hommage à l’ancienne librairie Actualités, tenue par Pierre Scias, que j’ai bien connu et beaucoup aimé. Ouvert sur rendez-vous, ça veut dire qu’il faut appeler d’abord le libraire, Daniel Azoulay, au 06 72 07 91 06. Actualités est spécialisée dans le livre ancien, mais a développé tout un espace galerie parfait pour en prendre plein les yeux. Et c’est bien ce qui se passe avec Observation.

Observation, ce sont surtout des gouaches faites en 2024, dans le Perche, sur le motif, en plein air, qu’il fasse soleil ou que l’orage approche, avec l’électricité et toutes les vibrations de l’air. Des peintures magnétiques, sans crayonnés, plongeant directement dans la magie organique de la nature, où toute sa dimension hypnotique remonte à la surface pour s’imposer au regard, et ses effets de profondeur, eau sur eau ou air sur air, provoquent des vertiges. On peut regarder chaque peinture de Placid sans fin : c’est comme si elle nous absorbait dans sa présence. Les nuances de couleur et de forme dansent comme le Serpent.

L’exposition contient également des œuvres d’autres années, et d’autres techniques : bâtons d’encre, pastels, plume, crayons sur papier gris, dont pas mal d’observations parisiennes. Génie de la plasticité infinie des formes, Placid nous passionne jusque dans la matière des vestes, les torsions des corps observant les téléphones portables, et les perspectives folles sur les immeubles, les croix de cimetière et les contrastes entre le gris des sols et les Vasarely à l’étage de la Gare Montparnasse.

https://www.librairie-actualites.fr



Et Wolinski ensuite.

Wolinski, c’est à la Galerie Huberty & Breyne, jusqu’au 26 octobre, 36 avenue Matignon 75008 Paris, du Mardi au Samedi de 11h à 19h. Avenue Matignon : vous n’avez pas l’habitude d’aller dans ces quartiers, et moi non plus, mais pour Wolinski, vous pouvez faire un effort.

Au rez-de-chaussée, c’est un voyage à travers toutes ses époques, du jeune Wolinski chargé de La Reine des Pommes à toutes ses nuances d’épure, des petites femmes qui courent aux colonnes de la fin pour se moquer de l’art contemporain. Cinquante années de bonheur, de drôlerie, de génie.

A l’étage, ce sont des dessins qui appartenaient à Wolinski : des Siné, des Reiser (tout un petit mur), du Buzzelli et plusieurs planches sublimes de Pichard pour Paulette. Paulette nous manque.

A noter des pages bouleversantes des années 1990, où Wolinski dessine des souvenirs d’aventures sexuelles, pas de lui mais de Reiser. Ces histoires que Reiser lui racontait, dix ou plutôt vingt ans plus tôt, quand ils dessinaient tous les deux à Hara-Kiri. Reiser lui manquait. Wolinski nous manquera toujours.

https://hubertybreyne.com/fr/expositions/presentation/814/



La semaine dernière, j’ai parlé de l’expo de Wolinski dans Mauvais Genres sur France Culture. Mauvais Genres revient en direct, le Samedi soir, avec François Angelier et ses complices. Si c’est pas beau. L’émission de Samedi dernier était sur Silvina Ocampo, avec Mariana Enriquez interviouvée par Elise Lépine et François. Mais Philippe Rouyer est venu parler d’un film, La Maison aux fenêtres qui rient de Pupi Avati, et moi, je suis venu parler de la braguette ouverte de Borges et de Wolinski. Caramba.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/mauvais-genres/silvia-ocampo-ou-l-araignee-de-cristal-rencontre-avec-mariana-enriquez-5709015

Et puisqu’on parle d’apparitions médias récentes, je vous signale un entretien sur The Leftovers qu’on a accordé avec Sarah Hatchuel à Pablo Maillé pour Usbek & Rica.

The Leftovers me manquent. Lost me manque. Toutes mes séries me manquent. C’est peut-être pour ça que je fais une série à mon tour. Parce qu’avec L’Empire n’a jamais pris fin, j’ai vraiment l’impression de faire une série.

https://usbeketrica.com/fr/article/le-monde-de-the-leftovers-ressemble-de-plus-en-plus-au-notre

Cette semaine, je vous ai annoncé la sortie du premier livre de L’Empire n’a jamais pris fin le 10 octobre, et le lancement qui aura lieu au Monte-en-l’air le 7 octobre à sept heures. Cette sortie sera presque synchrone avec le début de la nouvelle saison sur Blast. Cette saison 2, sur laquelle je travaille tous les jours (dès que j’ai envoyé cette niouzeletteur, je m’y remets, eh oui, c’est comme ça) ira de la Renaissance à la Révolution et le premier épisode sera sur Rabelais. Avec, en fond, la rivalité François 1er Charles-Quint bien sûr. Et, dans le fond du fond, bien d’autres trucs.

Si vous n’aimez pas L’Empire n’a jamais pris fin, c’est dommage parce que je ne vais pas faire grand-chose d’autre les trois années qui viennent. Pas la peine de me demander quand je vais faire ceci ou refaire cela, quand je vais parler de chose ou écrire sur machin, ou ce que je peux faire de mon temps. Je ne fais que L’Empire ou presque. C’est que ça prend beaucoup de temps, vous savez, L’Empire n’a jamais pris fin. Beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps.

Mais voilà : je suis quand même allé voir deux belles expos. Et c’était très, très beau. Faites pareil, si vous en avez l’occasion. Et à la semaine prochaine, les amis.

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Par Pacôme Thiellement

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